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S’il existe des pures austiniennes dans mes lectrices (et je sais qu’il y en a !), vous savez que les six grands romans de Jane Austen (Orgueil et préjugés, Raisons et sentiments, Mansfield Park, Emma, Persuasion et L’abbaye de Northanger) sont tous très différent. Les héroïnes y sont de caractères très variés, et les gentlemen ont tous leur propre charme. Laissez-moi donc vous conter l’histoire particulière qui s’est déroulée entre L’abbaye de Northanger et moi.

L’abbaye de Northanger possède pour héroïne, Catherine Morland, dix-sept ans, envoyée à Bath (célèbre station thermale du sud de l’Angleterre), pour y faire son apprentissage du monde et des intermittences du coeur.

La première fois que je lis L’abbaye de Northanger, j’ai environ quatorze ans. Je découvre l’étendue merveilleuse de la littérature féminine, et j’ai soif de découvrir toujours plus de choses.

Avec ce roman, je découvre réellement Jane Austen. L’adaptation cinématographique de Raisons et sentiments, avec Emma Thompson et Kate Winslet (1994), m’est déjà familière, et fait partie des classiques de la maison. Je suis également allée voir Orgueil de préjugés au cinéma peu de temps avant (adaptation de 2005), et je l’ai bien sûr adoré. Mais L’abbaye de Northanger est le premier Jane Austen que je LIS. Et je découvre que toutes ces histoires ont été créées par la même personne. Je ne savais pas encore  que je rencontrerais par la suite de nombreuses admiratrices de Jane Austen dans mes cercles d’amies.

Je fais alors des connexions entre les différentes œuvres que je connais, j’y détecte un univers commun, des héroïnes pleines de caractère, auxquelles je peux m’identifier, et des gentlemen extrêmement charmants. Je découvre en détail l’Angleterre du début du XIXe siècle, avec ses bals, ses révérences, et ses visites de courtoisie.

Avec L’abbaye de Northanger, Jane Austen rend hommage à Ann Radcliffe et à ses romans gothiques, dont l’écrivain était friande. Catherine Morland a également lu Les mystères d’Udolphe, et elle reste persuadée que la réalité y ressemble. Son univers est fait de chevaliers, de brigands et de fantômes. Mais elle se retrouve rapidement rattrapée par la réalité. Et c’est là tout le piquant de ce roman. L’intrigue est construite de manière à ce que l’on observe le monde à travers les yeux innocents de Catherine.

Jane Austen fait toujours preuve de beaucoup d’humour et d’ironie dans ses romans. C’est assez flagrant dans L’abbaye de Northanger. J’aime notamment la façon dont elle parle de son personnage et de sont goût pour la fiction ; voici un exemple tiré du chapitre 1 :

Entre l’âge de quinze ans et celui de dix-sept ans, elle fit l’apprentissage du métier d’héroïne ; elle lut tous les ouvrages que doit lire une héroïne pour fixer dans la mémoire ces citations qui sont si utiles et si réconfortantes dans les vicissitudes d’une existence mouvementée.

Catherine Morland possède beaucoup d’imagination, ce qui la place parfois dans des situations embarrassantes. Elle aime se faire peur, et se laisse trop emporter par la fiction. Son caractère un brin naïf au début, dévoile finalement une âme sincère, qui la guidera à travers le monde extérieur qu’elle va devoir affronter. Et c’est particulièrement cet esprit imaginatif qui a fait écho dans mon petit cœur d’adolescente. Catherine restera d’ailleurs l’héroïne de Jane Austen à laquelle je m’identifie le plus.

Dans ces romans-là, les personnages aiment à discuter de leurs pairs. Ainsi, Jane Austen elle-même, m’entendant parler de la sorte de sa petite Catherine, me demanderait certainement : « Mais, Miss T, quelle est alors votre opinion sur mes autres héroïnes ? Vous ne vous identifiez donc pas à elles ? Quel trait de caractère possèdent-elles qui ne vous appartient pas ? » Et bien, ma chère Jane, même si  j’aime beaucoup toutes vos héroïnes, voici ce que je pourrais vous répondre :

Elizabeth Benett est trop pragmatique, elle a bien plus les pieds sur terre que moi ;  et, malgré les apparences, elle possède un caractère beaucoup plus affirmé que le mien. Sa soeur, Jane, est trop sage, et beaucoup plus généreuse que moi. Eleanor Dashwood est bien trop raisonnable tandis que Marianne est un peu trop centrée sur ses émotions, et se préoccupe peu des conséquences. Fanny Price, je la connais mal, car oui, j’avoue n’avoir jamais réussi à finir Mansfield Park. Emma Woodhouse se mêle trop des affaires des autres, et il me déplaît de déranger les gens, et de dicter ainsi leur conduite. Anne Eliott est trop discrète et fais peu confiance à ses sentiments. Voilà pourquoi Catherine Morland me semble toute indiquée pour le rôle d’héroïne préférée.

Bien sûr, il est évident que j’adorerais avoir les faveurs du capitaine Wentworth, d’Edward Ferrars ou, mieux encore, celles de Mr Darcy.  Cependant, si je suis Catherine, je peux tout à fait être heureuse avec le simple, et néanmoins adorable, Henry Tilney. Mais pour les lecteurs qui me connaissent, je crois avoir d’ores et déjà trouvé mon propre gentleman, et j’en suis parfaitement satisfaite !

Et vous, quelle est l’héroïne de Jane Austen que vous préférez ?

A bientôt pour découvrir le numéro 3 !

Mademoiselle T.