Tout commença dans un club féminin de Londres, une après-midi de février – le club était inconfortable, l’après-midi morose – lorsque Mrs Wilkins, qui était descendue de Hampstead pour faire des courses et venait de finir son déjeuner, ouvrit le Times et tomba sur la petite annonce suivante : A tous ceux qui aiment les glycines et le soleil. Italie. Mois d’avril. Particulier loue château médiéval meublé bord de Méditerranée. Domesticité fournie. Répondre au Times sous la référence Z1000.
Ainsi commence Avril Enchanté. Belle introduction, qui résume assez bien l’histoire de ce merveilleux roman !
Elizabeth von Arnim nous dépeint ici quatre femmes anglaises, dans les années 20, en quête de vacances, qui partageront pour un mois une villa sur la Riviera, en Italie. Nous trouvons Mrs Wilkins et Mrs Arbuthnot, toutes deux mal considérées par leurs époux, Lady Caroline, une aristocrate souhaitant fuir ses nombreux admirateurs, et Mrs Fisher, une vieille veuve, à la recherche d’un peu de calme. Ces quatre caractères bien différents vont devoir apprendre à cohabiter, car même en vacances dans un lieu idyllique, il faut savoir s’adapter. Les protagonistes apprendront à se découvrir et à créer des liens. Mais chacune d’elles va également apprendre à se connaître elle-même. L’agitation quotidienne qu’elles fuient laissera la place à un calme propice à la réflexion.
J’ai treize ans et je découvre la littérature adulte. J’ai déjà commencé, tout doucement, avec Les gens de Mogador d’Elisabeth Barbier. Cette saga familiale assez proprette aux allures de Comtesse de Ségur, mais que j’ai adorée, restera sans doute à jamais l’une de mes lectures favorites. Mes cours de français me font découvrir Voltaire, Hugo, Zola, mais ceux là me semblent un peu trop austère et mystérieux encore. Je ne savais pas qu’ils seraient mon pain quotidien quelques années plus tard, à la fac. Je me décide donc à lire Avril Enchanté. C’est un livre que j’ai toujours vu chez mes parents, dans la bibliothèque de ma grande sœur. C’est donc elle qui me l’a fait découvrir, et je lui en serai éternellement reconnaissante. La couverture que je vous montre ici est celle d’une ancienne édition, celle de l’exemplaire qui était chez ma sœur. Cette couverture m’a toujours beaucoup étonnée, car elle ne ressemblait pas aux autres couvertures, avec son bleu tranchant, et cette femme au regard intrigant (il s’agit en fait d’une image de l’adaptation cinématographique du roman, que je n’ai pas vue, et la femme est une des protagonistes, Mrs Arbuthnot).
Avril enchanté me fait découvrir la littérature étrangère, et notamment la littérature anglo-saxonne, avec ses personnages hauts en couleur et son humour si particulier. Car oui, Elizabeth von Arnim nous fait rire, nous fait pleurer, et nous fait rêver. Et c’est exactement cela que mon âme de treize ans recherche alors. J’ai encore envie que l’on me raconte des histoires. Je rêve d’évasion, et je sens que la littérature possède ce à quoi j’aspire. Je sais que, même si j’ai grandi, j’ai encore le droit de rêver, et surtout de rêver d’être quelqu’un d’autre. Avec Avril enchanté, je vais apprendre à m’identifier aux personnages, et ce désir d’identification m’habite toujours aujourd’hui lorsque je lis un roman.
Car ce qui rend Avril enchanté aussi particulier, ce sont finalement ses personnages. Il ne s’agit pas de jeunes filles ingénues à la recherche du grand amour. Non, ces femmes, bien que provenant toutes d’un milieu différent, sont déjà adultes, et ont déjà vécu. Pour trois d’entre elles, ce sont des femmes mariées. Et c’est d’ailleurs parce qu’elles connaissent la vie qu’elles la fuient. Chacune de ces femmes fuient une réalité qui les attriste, qui les oppresse ; elles rêvent de liberté. Et leurs vies ne seront plus jamais les mêmes après leur séjour en Italie. J’ai aimé ces femmes, dès ma première lecture d’Avril enchanté, et j’ai aimé m’identifier à chacune d’entre elles, même si ma vie alors, ne ressemblait en aucun cas aux leurs.
Et puis il y a l’Italie, le cadre idyllique de la Riviera au printemps. « A ceux qui aiment la glycine et le soleil ». Quel être au monde pourrait ne pas être tenté par cette promesse. Ne vous y voyez-vous pas déjà ? Allongé sur une chaise longue, une citronnade à la main, le soleil vous caressant doucement de ses rayons, la brise légère du printemps vous chatouillant malicieusement le bras, et le doux parfum de la glycine annonçant les beaux jours à venir. Cela fait rêver non ?
Sur cette note poétique, je vous donne rendez-vous très vite pour découvrir le numéro 2 !
Mademoiselle T.
Quel merveilleux roman à lire et à relire !!!! Merci d’avoir mis au grand jour cette soif de liberté que nous avons, nous les femmes de la famille et soif d’évasion que nous retrouvons dans la lecture. N’hésitez pas à vous plonger dans cette œuvre si poétique.
MB
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Je le savais!!! Et je suis bien d’accord avec toi! Magnifique roman… Je me souviens d’une lecture à haute voix toutes les deux dans une certaine prairie 😉
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Je comprends pourquoi tu en avais besoin ! Bon et bien j’attends à nouveau que tu me le prêtes pour terminer cette lecture qui donne envie … et encore plus après cet article ! Bravo Mademoiselle T pour ton enthousiasme dévorant !
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